Je ne l’ai vue craquer qu’une seule fois sur le terrain. Alors qu’elle était en 4ème, on s’est qualifié sans problème pour les finales du val d’Oise. Les filles s’entrainaient très bien, étaient solidaires, intelligentes : je leur ai mis en tête qu’on allait aux finales pour les gagner et pas pour autre chose (j’y croyais complètement). Malheureusement, cette année-là, le niveau était très relevé, et dès le premier match du tournoi final, on a perdu (contre Franconville je crois). Au coup de sifflet final, tout s’écroulait : Souad s’est mise à pleurer, elle n’y croyait pas. Elle aurait voulu faire plus, faire mieux. Je n’avais rien à lui dire, je l’ai simplement prise dans mes bras et lui ai dit que ce n’était pas grave. On a finalement fini 3ème du tournoi.

                L’année suivante, en 2014, l’équipe était encore meilleure. Lors du tournoi final : Souad a été héroïque en marquant le panier de l’égalisation à 2 secondes de la fin du match face à St Didier. Ce tir difficile, sous pression de la défense, à 4 mètres du panier, m’a fait hurler de joie et Néné a ensuite fait gagner l’équipe en prolongation. En finale, Wallon de Garges était malheureusement trop fort pour nous. On le savait, mais on a quand même joué avec toute la hargne et le panache que ces filles avaient en elles, emmenées par Souad, le leader incontesté de l’équipe. Certes, on a perdu, mais je n’ai jamais été aussi fier de mon équipe que ce jour là.

                Est-ce que j’ai des regrets pour elle ? Qu’avec ses copines, si fortes et solidaires, elle n’ait pas été championne du val d’Oise semble être une injustice, mais c’est la loi du sport : ces années-là, le niveau était très élevé et nous avons à chaque fois perdu de peu. Mais c’est mieux ainsi : à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.

                Ce que je regrette, c’est surtout qu’elle ne soit plus là. Ces 4 années à l’AS sont passées si vite !!! J’espère que celles qui ont joué avec elle se souviennent de son talent et de son rayonnement sur le terrain et chercheront à s’en rapprocher. Son numéro 10, reste marqué par son niveau et sa personnalité. J’entends encore les autres professeurs me demander : « ta n° 10, elle est excellente, elle joue dans quel club ? ». Et ils ne me croyaient jamais quand je leur expliquais qu’elle n’avait jamais joué en club.       

Souad est maintenant au lycée. Elle me manque beaucoup, sur le terrain de basket, mais surtout dans la vie. Elle est la joueuse la plus douée que je n’ai jamais eue, et une des personnes les plus touchantes et généreuses que j’ai rencontré. Elle a tellement de cœur et de bonté, elle m'a tellement donné. Je lui souhaite le meilleur.

                                                                                                                                                                  F. Morestin