Après les années Niamé, quand elle est passée en 3ème, j’ai cru que je n’aurais plus jamais à l’AS de joueuse aussi férocement déterminée à gagner, aussi combative, aussi respectée par tout le monde car tellement engagée dans le jeu… Je me trompais.

               Parmi le groupe de filles très sympa que j’ai récupéré en 6ème sportive, se trouvait une petite jeune fille souriante : Souad. Au début, en termes basket, elle n’était pas spécialement douée, ni rapide, ni très grande (ça, ça n’a pas changé). Mais quelque chose m’interpellait chez elle : elle était très attentive, très concentrée, écoutait la moindre de mes paroles et répétait les gestes sans répit, jusqu’à ce qu’elle les maitrise. A chaque entrainement (AS, accompagnement éducatif) elle était là. Pendant les vacances, elle s’entrainait sur le playground (dribbles, doubles pas, shoot). Par la suite, quand je proposais des entrainements supplémentaires le soir, elle y était toujours. Inlassable et perfectionniste. Partie de rien, pour devenir la joueuse la plus douée et la plus intelligente que je n’ai jamais eue sur le terrain.

               Ses copines Océane, Assia, Djéna, Mouzna, Imane, Myriam et elles constituaient un super groupe. Mais il était clair que Souad avait quelque chose en plus.

               Alors qu’elle n’était qu’en 5ème, je l’ai fait jouer avec l’équipe 1 Minime. Ce n’était pas une équipe très talentueuse (d’ailleurs c’est la seule depuis 5 ans à ne pas être allée en finale départementale). Souad était la plus jeune, mais elle était déjà –et de loin- la plus douée.

Quand elle était sur le terrain, elle illuminait le jeu comme une pure meneuse : elle remontait la balle, toujours le regard vers l’avant, donnait des passes hyper précises  et rapides dès qu’une partenaire se démarquait. Elle pouvait marquer des points mais cherchait toujours avant tout à faire jouer les autres. En défense, elle compensait sa vitesse moyenne par une grande endurance, une superbe intelligence de jeu et une combattivité extrême (je l’ai vue éteindre complètement  des garçons d’un mètre quatre-vingt-dix). Souad était une joueuse adorable, toujours gentille, mais elle n’aurait jamais accepté qu’un attaquant joue facilement devant elle. Toujours à crier, encourager, haranguer ses partenaires : elle était encore plus exigeante en défense, parce qu’elle savait que tant qu’on défendait dur, rien de mauvais ne pourrait arriver.

             Souad adorait travailler le dribble, la dextérité. Elle était très forte balle en mains, à gauche ou à droite, on ne voyait presque pas de différence. Le genre de joueuse qui avait assez de maitrise pour remonter la balle en match tout en se refaisant son chignon. Sur le terrain, elle voyait tout et tout le monde, sentait les actions et faisait toujours le geste juste, le choix judicieux. Elle comprenait toutes les combinaisons tactiques : main à main, pick and roll, écran sur non porteur, systèmes sur mises en jeu…